Psycho-Thérapeute Biarritz

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TOC : Troubles Obsessionnels Compulsifs

Ils ne peuvent pas s'empêcher de se laver les mains, de vérifier qu'ils ont bien fermé leur porte à clé, d'aligner parfaitement leurs stylos. Ils ont peur de créer un accident sur la voie publique, de laisser échapper des obscénités ou d'être contaminés. Ils ont des TOC : troubles obsessionnels compulsifs. Cette maladie, qui touche près d’un million de personnes en France, reste méconnue du grand public et les malades mettent sept à dix ans avant de consulter. Pourtant, avec un traitement adapté, il est possible de retrouver une vie normale.

 

Les TOC, qu’est-ce que c’est ?

Les TOC sont un trouble psychique qui perturbe, plus ou moins gravement et durablement, les comportements et les pensées. Une idée fixe surgit. Source de détresse, de malaise ou de dégoût, cette pensée est difficile à chasser de son esprit. Pour s'en débarrasser, la personne n'a d'autre choix que d'accomplir des gestes répétitifs. Parfois plusieurs heures par jour. C'est la maladie des contraintes. D'une part, des contraintes subies, sous forme de questionnements : mon plancher est-il propre ? Ma plaque de cuisson est-elle bien éteinte ? Suis-je bien sûre de ne pas avoir laissé un morceau de verre dans la purée de ma fille ? C'est ce qu'on appelle les obsessions. D'autre part, des contraintes que l'on s'impose à soi-même : se laver les mains, faire des listes pour tout, accumuler les bibelots… Qu'on nomme compulsions.

 

Pas « un » mais « des » TOC

Les troubles obsessionnels et compulsifs revêtent des formes multiples, classées en grandes catégories : les TOC de vérification (portes, lumières, gazinière), de lavage/nettoyage (obsession de propreté, toilette excessive, désinfection), de comptage (longue série de chiffres, calculs mentaux), d'accumulation (incapacité à jeter toutes sortes de choses inutiles), d'ordre et de symétrie (alignement parfait d'objets), ou de type agressif (peur de faire mal aux autres, de provoquer un drame). L'échelle d'évaluation de référence, la check-list de la Yale-Brown Obsessive Compulsive Scale-Y-BOCS recense plus de 40 obsessions et 30 compulsions.

 

Le point commun, c'est l'hyper contrôle auquel on se soumet, aussi bien pour des choses passées (est-ce que j'ai bien fermé la porte il y a cinq minutes ?), actuelles (je ne touche pas la cuvette des toilettes pour ne pas être contaminé), que futures (j’ai peur de créer une catastrophe).

Certains symptômes sont plus visibles que d'autres. Vérifier ses plaques de cuisson, laver ses mains, entasser la paperasse, sont des TOC faciles à identifier. Répéter des prières et compter des chiffres le sont beaucoup moins, car intériorisés. D'autres encore sont pénibles à avouer, en raison de leur aspect dégradant, comme les « mauvaises pensées » ou les penchants sexuels non désirés.

 

La pleine conscience de sa maladie

La particularité de cette maladie, c'est que l'on sait que ce que l'on fait est absurde, voire inutile, mais on ne peut pas s'en empêcher. La souffrance du malade est en grande partie liée à cela. Une lutte intérieure permanente s’installe, telle une épée de Damoclès. On pourrait ne pas le faire, mais c'est tellement facile de se soulager sur le moment, qu'on s’exécute quand même, par précaution. Ces actions ainsi ritualisées empiètent sur la vie quotidienne. Tout devient alors très cadré, « pour bien faire ». Petit à petit, le malade crée une véritable prison intérieure. Sachant pertinemment que ce qu’il fait est excessif voire anormal, il n’ose pas en parler à ses proches. Et se replie sur lui-même.

 

Quand faut-il s’inquiéter ?

Vérifier deux fois son réveil avant de s’endormir, contrôler que les boutons de la gazinière sont positionnés sur « zéro », ou que la porte du réfrigérateur est bien fermée… 90 % de la population présente ces types d’obsessions, mais à un plus faible degré. Ces « petites manies », au départ normales, sont handicapantes quand elles deviennent envahissantes. Là réside toute la complexité. Les TOC sont progressifs : au début, je me lave vingt minutes le matin, puis trente, puis cinquante. Le plus dur pour le malade est de se rendre compte que cela vire à l’excès.

Le temps et l’intensité de la gêne occasionnée sont de bons indicateurs quant  à la sévérité du trouble. A partir d’une heure par jour de perte de temps et de parasitage, il faut s'inquiéter. D'autant plus si ces pensées entraînent des lenteurs, qui impactent la vie du malade.

 

Comment soigner un TOC ?

Généralement, les TOC s’étendent et s’aggravent avec le temps s'ils ne sont pas traités. En moyenne, les malades attendent entre 7 à 10 ans avant de consulter. Par peur, mais aussi par manque d'informations. Si la guérison complète est rare, il est possible de réduire considérablement les symptômes. Via le suivi d’une thérapie cognitivo-comportementale (TCC).

L’éducation du patient est primordiale. Il apprend à réagir face aux symptômes, à éviter les erreurs comme le fait de ritualiser ses gestes. Le but de la thérapie, c'est de s’autogérer. Pour cela, des exercices de confrontation sont mis en place. En présence du thérapeute les premières fois, puis en parfaite autonomie.

Une personne très précautionneuse devra casser une tasse. Un phobique de la contamination devra toucher une cuvette de toilette sans se laver les mains ensuite, ou s’allonger sur son lit avec des vêtements portés à l’extérieur. La TCC demande de la motivation et de l’assiduité, le patient devant se confronter plusieurs fois par jour à ses symptômes.  Il y a une prise de risque minimale à accepter, mais si le malade vient régulièrement et de son plein gré, il ira mieux et retrouvera une qualité de vie au bout de six mois.

 

Entourage : trouver le juste milieu

Famille, proches et amis remarquent, souvent avant le malade, que quelque chose ne va pas. Du moins quand il s’agit de troubles visibles : les parents d’un enfant qui ne cesse de compter les chiffres dans sa tête ne verront que les mauvais résultats scolaires de leur progéniture, sans forcément comprendre ce que cache ce bulletin de notes catastrophique.

Il ne faut pas hésiter à en parler, poser des questions, de la manière la plus chaleureuse et empathique possible. Le tout étant de trouver le juste milieu. À trop vouloir bien faire, l’entourage peut aggraver les choses. Accepter de « jouer le jeu » de l’autre, en se lavant les mains aussi souvent que le conjoint malade le demande, n’est pas une bonne chose. Il faut trouver un compromis, établir une sorte de contrat avec l’autre. Par exemple, en l’incitant à prendre des douches de trente minutes au lieu de trois-quarts d’heures, ou en coupant soi-même l’eau quand cela est trop difficile pour lui. Mais comment savoir où se situe la limite ? A partir du moment où un acte nous paraît injustifié ou déconnecté de la réalité, théoriquement, il ne faut pas le faire.

 

Des « astuces » pas toujours bénéfiques

Photographier les robinets de gaz et d’eau avec son téléphone portable pour vérifier dans la journée qu’on les a bien fermés, filmer ses trajets en voiture pour être sûr de n’avoir écrasé personne… Les personnes atteintes de TOC trouvent toutes sortes d’astuces pour les diminuer. Tant que cela rassure le malade, que cela réduit son trouble et qu’il y gagne en temps et en confort, pas de problème. Mais si cela remplace juste une forme de TOC par une autre, alors il n’y a aucun intérêt à le faire.

 

Comment expliquer l’apparition des TOC ?

Aucun « gène des TOC » n’a été décelé à ce jour. Pourtant, des études montrent que 15 à 20 % des parents d'enfants souffrant de TOC en ont eux-mêmes. L'environnement familial pourrait contribuer au développement de ce trouble chez l'enfant. Les TOC pourraient aussi être dus à un déficit de sérotonine, neurotransmetteur qui contrôle les comportements et les émotions ; ou liés à un événement traumatique (viol, agression physique, mort), déclencheur des symptômes. Selon les spécialistes, les avis divergent. Les TOC sont une maladie en soi qu’il faut soigner. A l'inverse il s'agit d'un comportement inadéquat à prendre comme le symptôme d'un mal plus profond.

 

Les TOC en chiffres

Les TOC sont la 4e pathologie psychiatrique la plus fréquente après les troubles phobiques, les addictions et les troubles dépressifs en France.

12 ans : l’âge moyen où les symptômes se déclarent. Dans la moitié des cas, les TOC débutent durant l’adolescence. Il est plus rare que les TOC s’installent après 35 ans.

7 à 10 ans : le temps moyen que met un malade avant d’aller consulter.

50 % : pour la moitié des patients, la thérapie TCC est efficace. Elle produit une amélioration partielle pour 40 %. Elle est nulle pour 10 %.

90 % des malades rechutent s’ils stoppent leurs médicaments.

61 % des TOC sont des TOC de vérification

50 % des personnes atteintes de TOC souffrent de dépression, en moyenne.

 

 

Source : Toc : la maladie de l’hyper-contrôle, de Margot Morgiève et Antoine Pelissolo

 

 



21/03/2017
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