Psycho-Thérapeute Biarritz

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Dépoussiérons la psychanalyse !

Critiques, reproches, railleries, mépris… Depuis sa naissance il y a cent vingt ans, la psychanalyse n’a de cesse de déchaîner des tempêtes d’indignation. Pas simple, en effet, de soutenir, sans fâcher, que « le moi n’est maître dans sa propre maison ». Comment la science du divan se porte-t-elle quand la dernière décennie lui a justement valu, dans l’Hexagone, de virulentes attaques en règle, venues notamment du monde technoscientifique ?

Finalement, peut-être pas si mal… Encensée dans les années 1960 et 1970, la discipline a perdu de son prestige et de son autorité dans les débats publics des années 2010. Pourtant, à bien y regarder, à scruter les librairies autant que les réseaux sociaux, rien ne semble indiquer que la cause freudienne soit morte et enterrée. Pour preuve, le dynamisme et la pugnacité dont font preuve de plus en plus d’analystes pour que, à l’heure de l’hypermodernité, leur science reste une alternative d’accompagnement et de soin. Exit la naphtaline ! Vive la talking cure 3.0 !

 

Comment cette discipline, qui nécessite un investissement dans le temps, peut-elle s’adapter à un monde où règne le culte de l’efficacité et de la rentabilité ? Peut-elle encore donner envie quand les individus d’aujourd’hui tendent à rechercher des solutions « concrètes » qui n’interrogent pas les fragilités de la vie psychique et demandent donc moins d’efforts ? La science de Freud demeure une clinique unique, qui prend en compte le sujet dans son histoire et son environnement, et qui a évidemment la capacité de répondre aux souffrances contemporaines.

 

Finies, les grandes manifestations hystériques (avec convulsions et paralysie) décrites par Freud au début du XXe siècle. Désormais, des « néo-symptômes » sont en train d’émerger, à la limite du normal et du pathologique. Ils sont classables en six catégories, selon qu’ils se rapportent à des difficultés à faire :

- Avec la limite (burn-out, hyperactivité…)

- Avec l’objet (pulsion d’accumulation, toxicomanie…)

- Avec le Moi (hypocondrie, errance sexuelle…)

- Avec le lien (isolement…)

- Avec l’angoisse ou avec le vide.

Et, à écouter les patients, il n’y a aucun doute que ces malaises soient des conséquences de la vie quotidienne hypermoderne.

 

Comment travailler avec ces nouveaux cas, ou plutôt avec ces nouvelles demandes ? Évidemment, l’acte analytique ne change pas, car il ne s’agit pas de revenir sur les grands fondamentaux tels que définis par les théories freudiennes et lacaniennes. Mais il convient néanmoins d’admettre que le paysage du collectif se métamorphose, et qu’il est donc nécessaire d’élargir le champ de la psychanalyse pour mieux le penser et le panser.

Continuer à permettre à tout un chacun de prendre le temps d’élaborer son histoire et d’accéder à son désir, telle est donc la grande visée de la psychanalyse actuelle.

 

Si, de l’avis de nombreux analystes, on note effectivement, depuis peu, un nouvel afflux de patients dans les cabinets, reste que plusieurs l’admettent : la discipline souffre encore très souvent d’une image surannée qui peut faire hésiter à l’heure d’engager un travail. Parmi les « freins » répertoriés : la méfiance des individus face à un « jargon psychanalytique » difficile à décoder. D’où la nécessité, pour les jeunes praticiens, de s’inscrire dans une autre évolution. Parce qu’on ne peut pas reprocher aux gens de ne pas s’intéresser à quelque chose qu’on ne leur permet pas de comprendre, la psychanalyse doit, aujourd’hui, accepter d’adapter son langage. Évidemment, il ne s’agit pas de tomber dans une vulgarisation qui réduirait l’inconscient (et sa complexité) à ce qu’il n’est pas… Mais d’aller à la rencontre de tous en devenant plus accessible est devenu un enjeu capital pour la nouvelle génération d’analystes.

 

D’où l’émergence, d’un discours plus clair et moins intimidant lors des séances individuelles. Et ce nouveau phénomène contribue à en déclencher un autre : l’assouplissement progressif du fameux « cadre analytique » lui-même. Dans les moelleux des cabinets, terminés ou presque, les silences interminables et les interprétations lapidaires. Aujourd’hui, lorsque nous recevons en tête à tête, les psychanalystes sortent davantage de leur traditionnelle position de réserve, en proposant un mouchoir, un verre d’eau, une tasse de thé… Ce qui rend évidemment l’approche plus « humaine », donc plus incitative. Contrairement à ce qui a longtemps prévalu, même les termes du « contrat thérapeutique » font aujourd’hui l’objet de discussion entre analystes et patients, notamment quand il s’agit de définir la fréquence des séances (on consulte plus souvent une fois par semaine que deux ou trois comme auparavant).

Quant à savoir si la cure nécessite encore la présence effective des deux protagonistes dans la même pièce, là aussi, on s’interroge et on tâtonne. Est-il éthique de recevoir en ligne ? Bien des praticiens choisissent d’expérimenter avant de condamner. Ainsi, j’assume sans aucune difficulté de proposer des séances par Skype ou FaceTime : La virtualité des échanges n’empêche ni le transfert ni l’investissement dans la psychothérapie, bien au contraire.  En 2018, il devient urgent que la psychanalyse vive avec son temps.

 

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Issu de psychologies.com

 



04/04/2018
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